Le Rapport Genre, (Dis)Parité & Équité au Travail présente à la fois des observations fort encourageantes et des axes à améliorer dans l’urgence pour plus d’équité dans le monde du travail en Côte d’Ivoire. Nous y avons collecté, analysé et interprété des données factuelles que nous avons enrichies de recherches scientifiques, d’échanges et de l’expérience de plusieurs experts renommés. L’étude renforce la réalité d’une responsabilité commune à œuvrer non en silo, mais par une approche transversale, pour la parité et l’équité dans les traitements des salariés. Le résultat attendu d’une telle synergie ne serait que juste réponse à l’égalité des efforts et contributions au travail, indifféremment du genre ou de toute autre différenciation non-pertinente dans le cadre professionnel. L’ONG WeCare se propose d’accompagner les parties prenantes des secteurs publics et privés dans leurs initiatives et politiques en faveur du genre, de la parité et de l’équité dans nos communautés.
Le Rapport Genre, (Dis)Parité & Équité au Travail est la première étude en Afrique francophone, qui a pour but principal d’étudier les traitements salariaux des hommes et des femmes dans le secteur privé formel afin de révéler avec précision les similarités et disparités. Les opinions de plusieurs experts ont contribué à établir les causes des résultats de nos recherches. L’étude a pour ambition de fournir des données fiables au débat sur le genre et mettre l’ensemble des parties prenantes face à un état des lieux qui renforce la rationalité du plaidoyer. Son objectif est de contribuer à amenuiser l’impact, généralement très fort, de simples perceptions et subjectivités tirées de parcours individuels, sur les échanges liés au genre. L’étude consiste en des analyses et interprétations de données fournies par des sources reconnues au niveau mondial pour leur fiabilité. Il y est ajouté l’interprétation et l’avis d’experts. Sa portée est de rechercher les raisons sous-jacentes du constat effectué quel qu’il soit, et de proposer un éventail de solutions concrètes.
Malgré les ambitions affirmées et initiatives engagées des multinationales en faveur du genre, un déséquilibre demeure en matière de parité et d’équité au sein des filiales basées en Côte d’Ivoire. Si la situation semble avoir évolué d’hier à aujourd’hui à l’instar du monde entier, les femmes restent généralement moins bien payées que les hommes, pour un travail équivalent, même dans les plus grandes entreprises du secteur privé formel en Côte d’Ivoire. Les données ont été abordées sous cinq principaux angles d’analyse : le panorama du marché permet d’avoir une situation réelle de l’accès des femmes à l’emploi et des écarts de rémunération dans leur globalité ; le focus sur les positions exécutives, de senior management et de management dresse le tableau de la réalité qui entrave l’accès des femmes aux postes de décisions ; le focus sur les postes d’envergure internationale ouvre le débat de l’accès des femmes aux carrières internationales ; les évolutions de la proportion des femmes dans les effectifs par génération permettent d’entrevoir la progression de la parité au travail, sur les huit dernières décennies ; les stéréotypes et les emplois « réservés » aux femmes, les zones de parité et les no-woman’s lands révèlent les causes des disproportions d’effectifs hommes-femmes qui restent aberrantes dans de nombreux emplois tout en révélant ceux qui présentent des parités à encourager.
Le panorama se fera sous le double angle de la parité, à travers l’analyse des effectifs, et de l’équité salariale avec l’étude des écarts de salaires entre hommes et femmes. La réalité des difficultés d’accès aux opportunités d’emploi des femmes transparaît à travers les effectifs de notre panel qui indique en moyenne 1 femme sur 4,2 hommes, sur une population de 6 980 salariés dont le genre a été identifié. Tous les secteurs étudiés, sans exception, révèlent des disparités hommes-femmes au niveau de leurs effectifs. Les causes de cette disproportion résident, entre autres, dans l’accès des femmes à l’enseignement supérieur, les discriminations et les stéréotypes de genre. Par ailleurs, en ce qui concerne les salaires, 50 % des secteurs analysés présentent des écarts de salaires en défaveur des femmes. Les disparités de salaires oscillent entre 8 % et 40 %.
La proportion de population masculine peut être de deux à huit fois plus élevée que la population féminine selon les secteurs d’activités. Considérant que le seuil acceptable de proportion des femmes dans les effectifs est de 40 %, il est observé que cinq secteurs sur huit, représentant plus de 80 % de la population étudiée, présentent des disparités hommes-femmes très importantes dans leurs effectifs. Un secteur seul présente cependant un déséquilibre dans le sens contraire, il s’agit du secteur agriculture, pêche et chasse.
Selon l’ONU en 2022, les femmes n’occupent que 20 % des emplois dans le secteur des STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) et elles ne représentent que 16,5 % des inventeurs associés à un brevet dans le monde. En Côte d’Ivoire selon l’UNESCO, seulement 28 % des filles poursuivent des études scientifiques au niveau secondaire supérieur face à 60 % des garçons dans les filières scientifiques (STIM). Pourtant, ces filières sont pourvoyeuses d’emplois à revenus élevés et pourraient être un moyen efficace de lutte pour l’autonomisation financière des femmes. Les données à notre portée révèlent aussi que la majorité des emplois inaccessibles aux femmes (no-woman’s land) sont des débouchés de filières STIM. Dans 40 % des secteurs, le salaire moyen pondéré des femmes est moins élevé que celui des hommes.
Il n’y a que 13 % de femmes au niveau exécutif, soit 1 femme pour 6,7 hommes contre 20 % de femmes seniors managers soit 1 femme sur 4 hommes à ce niveau hiérarchique. Au niveau du management, il y a globalement 23 % de femmes managers pour 77 % d’hommes à ce niveau de carrière, soit 1 femme sur 3,4 hommes.
Le secteur formel ivoirien ne fait malheureusement pas exception aux tendances des résultats des études portant sur les écarts de salaires hommes-femmes à travers le monde. Les données démontrent que les femmes occupant des postes de management, seniors management et exécutifs, sont généralement moins bien payées que leurs homologues masculins. Les écarts varient en fonction des industries et familles professionnelles. En effet, plus on s’élève dans la hiérarchie, plus l’écart se creuse entre les salaires des hommes et des femmes. Les cas de disparité au niveau du marché sont en moyenne de 5 % à 22 % en défaveur des femmes.
L’ONG WeCare se propose d’accompagner les parties prenantes des secteurs publics et privés dans leurs initiatives et politiques en faveur du genre, de la parité et de l’équité dans nos communautés.